Je suis médecin, je vend les médicaments

je suis médecin

Après avoir passé 7 ans d’études à bouffer de tonnes de livres d’au moins 500 pages pour être médecin, je me retrouve entrain de vendre les médicaments à mes patients. Suis je pharmacien? NON,  mon collègue pharmacien vend aussi des médicaments en secret pour s’en sortir. J’ai dû maîtriser l’anatomie, la biologie…, mes camarades élèves médecins s’étaient liés d’amitié avec M. Café et ses partenaires les boissons énergisantes (Red Bull pour les bobohs et Reaktor pour les crevards). Certains apprentis sorciers faisaient des mélanges de médicaments qu’il fallait prier avant de boire: les voix du ciel sont impénétrables. En boy plein je n’avais pas besoin de ça, car mon corps sécrète plus d’énergie que je ne dépense.

Toute cette pression et ces années d’études ne me dérangent pas car ma passion d’être médecin afin de sauver les vies humaines est au dessus de tous. Qui suis je?

  • Je suis un médecin de Douala

J’ai toujours voulu suivre une formation dans un domaine pour faire valoir mes compétences. Jeune médecin, je compris très tôt que la vente de médicaments dans les hôpitaux ne me servirait à rien. Pendant que mes camarades prenaient des congés moi je faisais des stages. Payant ou pas je le faisais, car je sais que la seule chose qui se vend à prix fort c’est l’expertise. L’expertise dans le fey des patients et médicaments ne sert pas, le mauvais argent à un goût amer. De stage en stage j’ai appris les bases de mon métier de médecin. En écrivant mon mémoire je me faisais déjà un minimum de 200 000 FCFA par mois récolté dans les hôpitaux de district et dans les dispensaires dispersés dans la ville.

Mon diplôme de médecin en poche j’entrepris quelques projets de groupes pour assurer un service médical à des particuliers et certains dispensaires qui ne pouvaient pas se permettre le luxe de recruter un médecin permanent. Je suis médecin je ne vends pas les médicaments, j’ai de l’expertise dans mon domaine, je loue cette expertise. En attendant que l’Etat organise mieux mon secteur j’avance, car je sais que 2035 est loin.

Médecin à HGY

  • Je suis un médecin de Yaoundé

J’ai toujours rêvé d’être fonctionnaire, avoir un travail stable sans toutefois être dérangé par ces licenciements abusifs. En tant que médecin je me bats pour être dans les grâces de l’administration afin d’obtenir une place dans un hôpital de référence. Je sais que bien positionné je pourrais vraiment bénéficier de l’article 2 de ma nomination: “L’intéressé aura droit aux avantages de toute nature prévus par la réglementation en vigueur”. Mon dossier d’intégration en tant que médecin fonctionnaire est hyper important pour moi, car je vais pouvoir avoir assez de sous pour gérer la dot de ma princesse. J’ai essayé de faire des consultations un peu partout le salaire de crevard m’a fait arrêter 50 000 FCFA/mois trop petit. Dans l’administration il y’a des subventions, des colloques, des ateliers, des séminaires, des missions,… autant d’éléments pour doper mon salaire de base. Je connais bien le circuit pour avoir des nominations dans les plus bref délais, car qui dit nominations dit avantages de plus en plus généreux. 

  • Je suis un médecin du Cameroun

J’ai toujours eu envie d’avoir un métier qui me permettra de servir par ma formation et d’avoir aussi des avantages liées à ma fonctions. Jeune médecin venant du kwat, je me suis retrouvé dans une ville ou on manque de tous. Pas d’appareils médicaux pour nous servir dans les analyses, pas de budget alloué à notre hôpital. Je n’existe pas, je ne sais pas à quoi je sers ici, car même quand je prescris des médicaments, mes patients sont incapable de trouver où l’acheter. Mon salaire ne passe pas, je suis un médecin oublié par l’administration et regardé du mauvais œil par la population. Je vois chaque jours des gens passer l’arme à gauche d’autres à droite, pour des maladies qu’un étudiants de 3e années peut soigner. Je fane car je suis mal entretenu, je sèche car j’ai pas de diluant, je ressens la douleur car pas d’anesthésie, pas de scanner, pas de radio, pas de TV avec les telenovelas, …RIEN.

J’ai BAC+7 mais je fais pitié à voir, car comme mes patients je ne peux me nourrir n’y me soigner aisément. J’attends que l’Etat fasse des réformes dans le domaine de la santé: l’ASSURANCE MALADIE POUR TOUS. J’ai pas la force d’attendre le bouton rouge qui changera tout en 2035.

Vu que les coûts des hôpitaux sont trop élevés pour un médecin du kwat qui ne vend pas les médicaments. Je me défends avec les moyens de bord, car je suis le lézard qui boit les décoctions de plantes médicinales pour se soigner, je suis:

LE VARAN DU KWAT

 

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