Je suis ingénieur, je suis chargeur

Après avoir passé mes diplômes et cherché le boulot un peu partout pour faire valoir mes capacités intellectuelles sans résultat positif, je me suis retourné vers mes capacités physique de chargeur. Je suis toujours à la recherche d’un boulot, mais entre temps je crève de faim. il me faut une solution urgente.

Un de mes lézards me voyant maigrir à la vitesse d’un glaçon sous le soleil de Garoua, me fis part de son job de chargeur. “Grand de temps en temps on m’appelle au port pour travailler comme chargeur. C’est assez difficile, mais ça paye au moins la nourriture de quelques jours.” Lorsque j’ai suivi nourriture, j’ai commencé à le bombarder de questions. Après quelques maigres explications, je lui dit de me faire signe lorsqu’on l’appel, nous irons ensemble. Le petit refuse car dans ce job de chargeur, on a plus besoin de muscles et d’endurance que d’intelligence. Avec mon diplôme d’ingénieur, je ne vais quand même pas me rabaisser jusqu’à ce point. Il a raison, mais la faim a raison de lui, a raison de moi et a  surtout  raison de mes diplômes. Pour l’instant mes diplômes ne me servent pas à grande chose, or ce job peut me permettre de survivre. En voulant trop discuter j’ai demandé qu’il regarde nos deux gabarits. Qui est le lézard et qui est le varan? Il a fini par céder, car même étant ingénieur, je suis habitué aux tâches difficiles.

Un soir vers 18h le lézard (le petit chargeur) reçoit un coup de fil et me dit directement viens on part. Arrivé au port les éléments nécessaires au recrutement sont la CNI, la ponctualité et le gabarit de chargeur. Les deux premiers éléments sont nécessaires, mais le gabarit est indispensable, car la tâche est purement physique. Après avoir été sélectionné via un regard vite fait sur mon physique (pas de problème, je suis un warrior). Nous avons attendu jusqu’à 22h avant de commencer, car il y avait plein de vérification à faire avant de sortir le conteneur.

Un ancien nous expliqua notre job de chargeur. il faut décharger tous les cartons de vin, les ouvrir, mettre les vignettes (pour prouver qu’il y’a eu un contrôle au port), refermer et recharger les cartons dans le conteneur tout ceci dans le plus bref délai. l’ancien chargeur réparti les postes en fonction du gabarit et de l’endurance. Une ou deux personnes dans le conteneur pour enlever les cartons, une chaine de chargeur pour acheminer les cartons et une troisième équipe pour mettre les vignettes.

Il y avait beaucoup de nouveau alors les plus costauds devraient gérer la chaine, car la charge est la plus haute. C’est dans cette équipe que j’ai été placé. Je suis venu pensant que la force devrait me permettre de gérer ce job, j’ai compris que l’endurance était l’élément clé et qu’il fallait éviter de se positionner comme premier chargeur qui reçoit le carton directement du conteneur. Car à cet endroit le poids est décuplé: MON PREMIER POSTE.

Les cartons sont plus en l’air que dans les mains d’un chargeur. Tu faibli par rapport à la chaîne tu reçois le carton sur ta face, c’est à ce moment que je compris que force et endurance sont réellement différents, et que même le varan peut laisser sa langue dans cette histoire. A la fin du travail de chargeur nous sommes payés 5000 F CFA/conteneurs. C’est un bon montant vu de l’extérieur, mais il faut manger au moins 2 000 F CFA pour espérer récupérer la quantité d’énergie dépensée.

Je suis ingénieur, j’accepte faire les jobs comme chargeur, car çà me permet de gérer mes besoins primaires (payer mon taxi et ma connexion internet pour postuler dans mon domaine). Ça me permet également de faire mon sport en étant payé. J’ai pas encore un salaire qui va avec mon niveau académique, mais je m’assume, car je suis le lézard qui même tombé devant le bec de la poule continue à faire ses pompes tranquillement. Je suis :

LE VARAN DU KWAT